Innovations low-tech oubliées : opportunités d'entrepreneuriat?

Et si les innovations low-tech de demain existaient déjà dans le passé? Immergé·es dans la société thermo-industrielle productiviste, il est difficile d’imaginer un monde sans énergies fossiles où tout n’était pas que labeur et force brute. Pourtant, nos prédecesseurs ne manquaient pas d’ingéniosité et ont bâti des choses que l’on aurait du mal à reproduire, même avec nos grues, nos pelleteuses et notre énergie abondante.

RÉTROFUTUR (Cédrice Carles, Thomas Ortiz & Éric Dussert) et les deux ouvrages papier retranscrivant le merveilleux site internet lowtechmagazine.fr de Chris De Decker sont de vraies mines d’or pour découvrir des innovations low-tech oubliées, qui nous rendaient service par le passé et qui pourraient revenir dans nos usages.

Je crée ce sujet pour mettre en avant ces deux paléontologues de l’innovation low-tech et pour que l’on puisse réfléchir ensemble à comment adapter certaines de ces technologies à notre monde actuel (en terme d’acceptabilité, d’efficience et de satisfaction du besoin).

Je vais donner quelques exemples pour attiser votre curiosité.

1) L’éolienne de Pargues dans l’Aube : l’eau courante sans électricité

Éolienne de Pargues — Wikipédia

Cette éolienne installée en 1902 permettait de pomper de l’eau pour la stocker dans un réservoir en hauteur afin d’alimenter tout le village en eau potable. Aujourd’hui, l’eau arrive sous-pression toujours sur le même principe, mais elle est pompée électriquement dans les châteaux d’eau. Plus de réseau électrique = plus d’eau dans les logements.

2) L’isolation des corps pour une meilleure efficience énergétique

Chris De Decker part ici du principe que le corps humain est une fantastique usine chimique à fabriquer de la chaleur et que la priorité est de conserver cette chaleur interne plutôt que d’apporter de la chaleur externe. Avec l’envol du prix des énergies et la pénurie de gaz, la précarité énergétique va faire des ravages cet hiver en France, avec des gens qui ne pourront pas chauffer leurs logements mal isolés. Distribuer et promouvoir des vêtements techniques qui conservent la chaleur du corps ne serait-elle pas une priorité?

3) Le courant continu comme alternative plus efficiente?

Une installation photovoltaïque produit du courant continu, peut-on supporter jusqu’à 30% de pertes énergétiques quand on sait l’impact de la fabrication des panneaux? Et oui, la plupart de nos appareils électriques fonctionnent en courant continu, il y a donc une double perte : lors de la transformation du courant continu des panneaux en courant alternatif, puis lors de la transformation du courant alternatif en courant continu (c’est la fameuse chaleur qui se dégage des petits transformateurs de vos pc portables et autres appareils). Et si on mettait en œuvre un circuit électrique en courant continu dans les habitations équipées en photovoltaïque? Et des connectiques DC sans devoir passer par une prise allume-cigare pour les appareils?

4) La douche à brumisation : économie d’eau et d’énergie

Avez-vous déjà vu des embouts brumisateurs? Souvent utilisés pour arroser le jardin, ils peuvent être détournés dans la douche. Avec un débit de 2 litres par minute pour 6 embouts de brumisation, c’est 5 fois moins d’eau et 2 fois moins d’énergie utilisées pour le même résultat. D’après Jonas Görgen qui a créé un kit pour transformer sa douche (je vous invite à découvrir son travail sur son magnifique site internet oddemulsion.com). :wink: @simon.buoro

Merci pour ce sujet, il est vraiment intéressant ! :+1:

C’est clair que ce qu’on appelle low-tech aujourd’hui, c’est peut-être ce que nos ancêtres appelaient la « tech » ! :wink:

Je réagis sur la douche à brumisation (comme je connais un peu le sujet) : nous avons fait les tests chez Ilya (et nous réfléchissions à commercialiser un kit DIY pour fabriquer sa propre douche à brumisation. Le défaut principal qu’on trouve à cette douche, c’est que l’eau brumisée en toute petite gouttelettes se refroidit très rapidement. On a donc une sensation de froid dans la douche. Pour l’été, ça ne poserait pas forcément de problème, mais pour ceux qui aiment prendre une douche chaude l’hiver, c’est plus compliqué. Ou alors ça demanderait de chauffer encore plus l’eau, et donc le gain énergétique ne serait pas forcément aussi évident.
Après, c’est comme tout, ça demande un changement d’habitude ou de comportement pour s’habituer. :wink:

La vraie douche low-tech, c’est le gant de toilette, la bassine, ou la douche dans la rivière (j’en ai pris une hier soir dans la Dordogne :heart_eyes:).

Dans l’article que je partage, ils disent qu’il faut pour compenser cela mettre les buses au plus près du corps. Ils ont pris en compte une eau à 60°C en entrée de buse (donc non mitigée avec de l’eau froide) dans le calcul de gain énergétique.
En effet c’est sûr que la bassine et le gant de toilette sont beaucoup plus pertinents en terme de résultat sur l’économie d’eau, d’énergie et de matériaux… Mais même un convaincu comme moi n’a pas encore passé le pas, alors je n’imagine pas que cela puisse se diffuser à l’échelle de toute la population (hors crise globale énergie/eau avec plus d’eau qui coule quand on ouvre le robinet).
Je voulais faire des tests chez moi aussi. Si vous avez des résultats à partager je suis preneur. Il y a une donnée que j’ai du mal à trouver: A partir de quel débit un chauffe-eau instantané se déclenche? Je ne sais pas si 2L/min c’est suffisant… J’ai entendu parler de 5L/min minmum mais j’ai rien trouvé d’officiel.

Quand j’ai le temps je me replonge dans le sujet et je reviens vers toi.

Les pelleteuses et autre diesel fonctionnent très bien à l’huile végétale. C’est d’ailleurs historiquement leur premier carburant. Et elles consomment pas tant que ça. L’équilibre de consommation est le retour à 1970 ou les Français avait une (en général petite) voiture par famille et ou les enfants dormait dans la même chambre.