La place de la Low-Tech dans le concept de "bio-régions" autonomes - LowChat #2

Aujourd’hui, je vous propose un petit exercice de projection:

Imaginons un monde sans pétrole, ou du moins sans énergie bon marché (ce qui adviendra plus ou moins brusquement dans les décennies à venir). Quelles solutions pour empêcher l’humanité de sombrer dans la barbarie? Réponse: répondre aux besoins de base des populations (se nourrir, se loger, être en sécurité).

Dans cette optique, le concept de bio-région est intéressant. Il permet de définir un territoire en fonction de ses spécificités géologiques, éco-systémiques, et humaines (culture, besoins, population). Une bio-région doit pouvoir être autonome dans la majorité des besoins de base, certains peuvent êtres remplis grâce aux bio-régions adjacentes.

La bio-région doit être diversifiée (plusieurs éco-systèmes, de l’urbain, du péri-urbain, du rural). Elle doit cependant garder une certaine taille pour que la communauté se sente solidaire et pour qu’une véritable démocratie puisse exister (de quelques milliers à quelques dizaines de milliers d’habitants). Si on prend nos grandes villes actuelles, on comprend vite qu’elles ne peuvent pas représenter une bio-région car elles ne peuvent ni êtres autonomes dans leurs besoins de base, ni former une communauté démocratiquement efficace. Il y aura bien sûr une redistribution automatique de la population sur les différentes aires liée à la raréfaction de l’énergie, mais les centres urbains resteront importants dans une logique d’optimisation (regroupement des centres d’éducation, des organes administratifs, de la recherche, des hôpitaux…). On pourrait imaginer un découpage en bio-régions comme celui-ci entre urbain/péri-urbain/rural:

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Quelle est la place de la Low-Tech dans ce concept me direz-vous? Et bien pour moi, sa place est centrale. Dans un monde où l’énergie et les ressources seront moins facilement accessible, la philosophie Low-Tech deviendra la norme. Si chaque bio-région doit être autonome dans ses besoins de base, elle doit aussi être autonome sur ses matériaux et sur ses outils. Pour certaines choses, le bricolage dans son jardin ne suffira pas, il faut imaginer des usines Low-Tech pour profiter des économies d’échelle, mais localement (on peut imaginer des productions de petites séries d’objets indispensables pour l’agriculture par exemple). Tout devra être optimisé, on peut imaginer ces usines autours des centrales de production d’énergie qui tourneront au ralenti pour limiter les pertes.

Toutes les bio-régions ne pourront pas produire tous leurs outils, le transport et le commerce auront toujours un rôle primordial (également pour garantir la paix), il faut donc les imaginer sans énergie abordable, pour des choses spécifiques et à forte valeur ajoutée (matériel médical, médicaments, productions industrielles très spécialisées et techniques…). Ces transports seront majoritairement fluviaux, ils pourront êtres ferroviaires si ils sont prioritaires (les lignes de trains ne seront pas toujours électrifiées).

Peut-on envisager ces bio-régions dès à présent? Doit-on mettre tous nos efforts pour créer aujourd’hui les réseaux qui devront remplacer le système actuel quand il s’effondrera progressivement? Quelles sont les freins à re-localiser et à créer de l’autonomie dès aujourd’hui sur nos territoires? Comment permettre à son territoire, de manière solidaire, à surmonter une crise ponctuelle sans barbarie? (Répondre aux besoins de bases de la population en cas de pénurie en pétrole sur un mois par exemple). Comment développer la confiance et l’entraide à travers la démarche low-tech?

Je suis impatient de récolter vos avis et vos suggestions sur ces questions!

Je vous laisse ici un extrait d’une conférence d’Arthur Keller qui m’a beaucoup inspiré: https://youtu.be/PIX5nS69stg?t=6097

0:00:00: Exposition des problématiques actuelles et des enjeux
1:22:00 : Début d’exposition des solutions pour changer de système
1:41:37: La partie qui nous intéresse ici, comment développer la résilience dans les territoires
1:56:55: Fin de la conférence, questions/réponses

Article de Libération avec Thierry Paquot sur la nécessité des bio-régions en France: Du passé, faisons table rase: vive les biorégions! – Libération

Étude de l’institut Momentum qui imagine une bio-région en ile de France en 2050: Biorégion 2050. L'Ile-de-France après l'effondrement : le rapport intégral - Institut Momentum

Définition, historique et controverses des bio-régions: Biorégion — Wikipédia